Se faire masser le visage, c’est la grande tendance du moment. Il n’y a qu’à regarder du côté des marques cosmétiques : toutes lancent leur crème ou leur masque à modeler. « Une façon d’appréhender davantage l’individu dans sa globalité, de reconnecter le corps et l’esprit », analyse Florence Bernardin, directrice du cabinet de veille Information & Inspiration. Et dans les instituts, c’est à celui qui proposera le modelage le plus original. Dans ce registre, il y en a un qui fait beaucoup parler de lui, c’est le Kobido, un massage ancestral japonais du visage, dont se sont emparés tous les instituts branchés et thérapeutes talentueux de la capitale.
Pratiqué seul ou mêlé à d’autres techniques, comme dans le protocole de soins Odaïtès signé Valérie Gautier au Tigre Yoga Club, le Kobido séduit grâce à son incroyable effet liftant. Mais en remontant aux origines dudit massage, nous apprenons rapidement qu’il y a Kobido et Kobido.
D'où vient le Kobido ?
Son histoire a démarré il y a cinq cent quarante ans dans une petite auberge de Suruga (aujourd’hui Shizuoka, au sud du mont Fuji) lorsque deux des meilleurs maîtres de l’Amma (la toute première forme de massage avant le shiatsu) se sont affrontés autour d’une démonstration de « Kyoku-te », un soin du visage réalisé avec une technique de percussion particulière, la main pliée. À la fin de la compétition (qui a duré plusieurs mois !), aucun vainqueur n’a été désigné. Les deux maîtres qui se respectaient ont préféré unir leurs talents pour fonder une maison de beauté : la Maison Kobido. C’est ainsi qu’ils ont établi 48 techniques de massage distinctes de l’Amma, qui se sont ensuite transmises de maître à élève, au fil des générations. Le Dr Shogo Mochizuki, médecin et spécialiste du massage japonais, est le maître de la vingt-sixième génération de la maison Kobido.
Qu’est-ce qui le différencie des autres massages ?
Le Kobido est plus qu’un massage. C’est un art traditionnel, au même titre que l’origami ou la cérémonie du thé, qui repose sur une grande rigueur. Cependant, il a des ressemblances avec les massages dits « profonds », qui agissent jusqu’au niveau des muscles. Extrêmement complexe, il est basé sur plus d’un millier de techniques, qui sont divisées en 48 catégories. Dans chacune d’entre elles, plusieurs variantes sont proposées en fonction de la partie du visage sur laquelle elles sont appliquées. Elles sont réalisées avec une crème, et non une huile pour garder le contact étroit avec les tissus. Et de temps à autre, le thérapeute ajoute quelques gouttes d’eau pour améliorer le glissant.
Pendant le massage, les doigts, les poignets, les avant-bras, les épaules sont sollicités, dans un enchaînement de gestes synchrones (lissages, pétrissages, percussions, vibrations, etc.) qui a tout de la chorégraphie de ballet ! Un côté du visage est travaillé, puis l’autre. Selon l’intensité et la vitesse à laquelle les gestes sont réalisés, l’action sur les structures du visage est plus ou moins profonde, le but de la séance étant de provoquer un véritable effet « lifting » du visage.
On se relève de la table de massage avec la sensation d’une peau très ferme, comme « injectée », et des muscles bien présents ! Les autres massages Kobido proposés dans les instituts sont seulement inspirés par cette méthode traditionnelle. Cela ne signifie pas qu’ils ne sont pas agréables à recevoir, ni efficaces. Mais ils ne sont pas pratiqués dans les règles de l’art. Dans tous les cas, le Kobido s’adresse aux visages fatigués et vieillis. Il n’est pas utile avant 30 ans.
On en attend quoi ?
Comme tous les massages asiatiques, le Kobido travaille sur l’équilibre du « chi », l’énergie vitale. Il stimule aussi la microcirculation cutanée et le flux lymphatique, pour un meilleur apport nutritif aux cellules et drainage des déchets métaboliques. D’où cet effet de « visage repulpé » et de teint éclairci à la fin du soin. Mais il a également une action sur les tissus cutanés, qu’il raffermit, et sur les muscles qu’il relaxe afin de lisser les rides d’expression. Enfin, il tonifie le visage et lui rend tout son galbe.
Il ne faut pas oublier que les muscles peauciers qui tapissent le visage sont au contact étroit de la peau. Tous les gestes visant à les stimuler ont donc un impact immédiat sur la qualité des tissus et les volumes du visage. « Comme lors d’un cours de stretching, on va amener la fibre à relâcher sa tension de base, qui va s’allonger et entraîner un véritable effet de lissage. C’est ce qu’on appelle en kinésithérap
ie la “contraction relâchée”. On applique une forte pression sur les muscles pendant quelques secondes, lesquels par effet réflexe se relâchent alors doucement.
Inversement, si l’on souhaite redonner du tonus à un muscle, on lui applique des manœuvres très toniques (percussions, vibrations) et rapides, qui vont aussitôt le contracter et lui redonner du volume », explique François Pigneaux, masseur-kinésithérapeute. Pour un résultat optimal, prévoyez dix séances rapprochées (à raison de deux par semaine), puis une séance d’entretien tous les 15 jours/1 mois.
Un massage manuel est-il aussi efficace qu’un massage mécanique ?
Il est possible, à la main comme à la machine, de réaliser un massage profond des structures du visage. Toutefois, les sensations sont différentes. La main est plus généreuse, plus sensuelle. La machine, elle, offre l’avantage d’un geste régulier, avec une intensité ajustée précisément en fonction de la qualité des tissus et de l’effet recherché. Mais dans tous les cas, l’efficacité du massage sur la qualité de la peau est scientifiquement prouvée !
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